Élö : “je t’aime”, nous aussi !

Ils sont trois. La grand-mère Mezzo-soprano à la voix lyrique, son fils acrobate tournoyant dans les airs, et sa fille danseuse, lovée dans ses voiles suspendus. Trois générations pour trois trajectoires qui se croisent, chacune dans son couloir de vie mais reliées par une course au bonheur traversée de grands drames familiaux et amoureux.

Alors quoi, Élö est une addition de monologues ? Ça serait mal connaître Camille Rocailleux et sa compagnie EVER, qui posent le dialogue des pratiques comme pierre angulaire de leur spectacles.

Autour des pirouettes et des mouvements de grâce puissante des deux circassiens, pour accompagner les mélismes envoûtants du chant, la musique est un fil conducteur. Elle tisse les entrelacs d’un trio de musique de chambre (piano, clarinette basse, violoncelle), d’une écriture néo-classique très élégante, parfois jazzy, voire tendant vers la comédie musicale.

Pendant cette heure tendue sur le fil de l’émotion, les trois personnages se racontent dans leur intimité. La force du texte d’Adrien Cornaggia réside dans sa lisibilité, à la fois pour les protagonistes que pour le public. Écrit au plateau (donc sur mesure), il permet à chacun de s’approprier les dialogues, et de peindre des personnages très identifiables. Une clarté qui pose cette forme légère dans le champ familial, pour s’adresser aussi à un jeune public. Si les trois protagonistes ont bien du mal à se dire “je t’aime”, c’est l’exact inverse pour ceux qui, parents ou enfants, ont assisté au spectacle bouleversant d’Élö.

Olivier Delaunay